top of page

Neuroatypie, un phénomène de mode ?

  • Photo du rédacteur: Béatrice D.
    Béatrice D.
  • 2 oct.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 oct.

"Non, vous n'êtes pas autiste, DYS, TDAH ou HPI, vous êtes simplement en quête d'une étiquette glamour qui reflète une société narcissique où chacun cherche à se distinguer par une différence", suggère un professionnel dont le métier consiste à mettre en relation patients et psychologues. Voilà, en substance, ce qu'on a pu lire dernièrement sur Linkedin.


Neuroatypies, un phénomène de mode ?
Neuroatypies, un phénomène de mode ?

Et si on décryptait tout cela, sous un angle un peu plus rationnel ?


En France, 10 à 14 millions de personnes sont concernées par les neuroatypies, (sachant qu'une même personne peut cumuler plusieurs neuroatypies à la fois). Ce chiffre est énorme. Pourtant, la plus grande majorité d'entre elles n'a pas encore été testée ou diagnostiquée.



Pourquoi ? Plusieurs raisons peuvent expliquer cela :

  • Parce que pendant des décennies, les familles ont préféré cacher la différence, nier le handicap et minimiser les difficultés de leurs enfants, les laissant ainsi se débattre seuls face à une société parfaitement inadaptée, par peur du regard des autres, de leurs préjugés,

  • Parce qu'une grande partie ignore qu'elle est concernée. Et pour cause : dès l'enfance, nous sommes conditionnés à rentrer dans le moule. Famille, école, travail, amis… tout nous pousse à taire nos vulnérabilités, à dissimuler ce qui dépasse, ce qui détonne, qui on est. Alors, de manière invisible pour les autres, on apprend à masquer et à compenser en déployant une énergie colossale, dans le seul but de donner une impression de "normalité". Et on joue ce rôle avec tellement de conviction qu'on finit parfois par s'y perdre soi-même. Le masking devient alors tellement automatique qu'on ne sait plus distinguer ce qui relève de notre nature profonde ou de cette façade construite pour survivre socialement,


  • Parce que les délais d'attente pour se faire diagnostiquer requièrent selon les régions jusqu'à 4 ans d'attente. Parce qu'un diagnostic dans le privé coûte cher,

     

  • Parce qu'entamer les démarches diagnostiques, quand précisément on est une personne autiste, TDAH ou DYS, relève du parcours du combattant,

  • Parce que les médecins généralistes ne sont pas ou peu formés. Parce que les professionnels sont surchargés. Parce qu’ils établissent parfois de mauvais diagnostics.


Il n'y a donc pas une explosion soudaine de cas comme l'affirment de nombreuses personnes.


Avec ou sans diagnostic,

on sait, grâce à la prévalence des différentes neuroatypies, qu'il existe plus de 10 millions de personnes neuroatypiques en France.



Ce qui donne cette sensation d'épidémie, c'est qu'on assiste à la libération d'une parole (longtemps étouffée), depuis l'apparition des réseaux sociaux : de nombreux adultes diagnostiqués sur le tard, pour lesquels il est parfois plus facile d'échanger par écran interposé, partagent leurs témoignages (youtube, livres, articles, posts, TV, radio...), permettant ainsi à de nombreuses personnes de se reconnaître et de mettre enfin des mots sur des années de masking, de décalage, d'incompréhension. Et quand on sait que sur les + de 10 millions de personnes concernées, la très grande majorité n’a pas été diagnostiquée, ça en fait des neuroatypiques qui font la queue pour se faire étiqueter !



L'autodiagnostic, un passage obligé


Affirmer que les personnes qui s'interrogent sur leur potentielle neuroatypie cherchent simplement à "se distinguer" révèle, au mieux, d'une profonde méconnaissance de leur parcours et au pire, d'un non sens absolu :


Réfléchissons une seconde à cette logique bancale

Une personne passerait des années à masquer qui elle est vraiment, à s'épuiser, à compenser pour donner la sensation de "rentrer dans le moule", par peur du jugement, de la stigmatisation... pour ensuite, subitement, décider de se "vanter" d'être autiste, DYS ou TDAH ? Vraiment ?!



Le vrai problème n’est pas que les personnes s'interrogent. Le vrai problème, c’est quand certains professionnels les culpabilisent au lieu de les orienter et de les soutenir.



Et puis qui choisirait volontairement, par effet de mode, de s'exposer :

  • aux préjugés tenaces qui accompagnent l’autisme, les DYS, le TDAH ?

  • au harcèlement scolaire,

  • aux discriminations à l'embauche,

  • à une exclusion professionnelle,

  • à un regard social stigmatisant, comme celui de ce professionnel ?

L'autodiagnostic n'est pas une mode, c'est un passage obligé avant toute démarche officielle et aussi, le début d'un long chemin vers la compréhension de soi. Et si certaines personnes ne vont pas jusqu'au diagnostic formel, ce n'est pas par caprice : c'est précisément parce qu'elles sont réellement neuroatypiques et que d’entamer les démarches administratives est un véritable parcours du combattant pour elles. Qui plus est si elles sont isolées et qu'elles ne savent pas demander de l'aide.



Le diagnostic : un label tendance ?


Pour la très grande majorité des personnes diagnostiquées, ce n'est pas un "label tendance" qu'elles cherchent. C'est une clé pour comprendre pourquoi elles ont toujours senti un décalage, pourquoi l'école était si difficile, pourquoi les interactions sociales les épuisaient.


Le diagnostic leur permet d'arrêter de s'épuiser à compenser, à masquer. Il leur offre la possibilité de s'écouter, de se respecter, d'adapter leur environnement plutôt que de se forcer à rentrer dans un moule inadapté. Et le pendant de tout ça, c’est qu’une fois qu'elles se permettent enfin d'être elles-mêmes, ça les conduit, en général, à l'exclusion pure et simple de la société.


Et enfin, dire que les neuroatypies sont un "phénomène de mode", c'est un peu comme affirmer que les personnes à mobilité réduite s'achètent des fauteuils roulants parce que c'est tendance. Ce n'est pas parce que le TSA, les DYS et le TDAH sont des handicaps invisibles qu'il faut fermer les yeux sur la réalité de ceux qui les vivent.



Non, les neuroatypies ne sont pas une mode.

Elles sont une réalité pour plus de

10 millions de personnes en France.



Alors plutôt que de minimiser leur expérience, inversons la perspective : et si c'était la "norme" qui était une mode ?

Sinon, pourquoi toutes les personnes dans les normes :

  • Adoptent-elles les mêmes codes vestimentaires au travail ?

  • Suivent-elles les mêmes rituels sociaux (apéros, pauses café, small talk) ?

  • Valorisent-elles les mêmes parcours de vie (études linéaires, carrière stable, vie sociale intense) ?

  • Partagent-elles les mêmes définitions du succès et de l'épanouissement ?

  • Invitent-elles les personnes neuroatypiques à leur ressembler à grands renforts d'accompagnements pour rentrer dans le moule (qu'elles viennent précisément de quitter après s'être épuisées toute leur vie durant) ?



Alors peut-être que finalement la vraie question n'est pas "pourquoi tant de gens se disent neuroatypiques ?" mais plutôt :


"Pourquoi avons-nous érigé un seul mode de fonctionnement en norme universelle, forçant ainsi des millions de personnes à dissimuler qui elles sont vraiment, alors que la diversité neurologique a toujours existé ?"


Béatrice Duka




Commentaires


Logo Le Lab'Atypik

Décuplez le potentiel de votre entreprise en révélant
le potentiel différent de vos collaborateurs neuroatypiques

Le Lab'Atypik accompagne les entreprises (RH, managers, référents handicap, RSE / QVCT, Diversité et inclusion, jobcoachs, dirigeants...), les collectivités et acteurs majeurs de l’emploi vers une meilleure inclusion des profils issus de la neurodiversité (autisme, TSA, TDAH, DYS) au sein de leur organisation.

  • Sensibilisation aux neuroatypies

  • Recruter les profils neuroatypiques

  • Manager les profils neurodivergents

  • Fidéliser les profils TSA, TDAH, DYS...

  • Ateliers immersifs "vis ma vie de neurodivergent

  • Ateliers collaboratifs

  • Rédiger une offre d'emploi inclusive​

  • Audit accessibilité environnement

Contactez-nous

E.I. Le Lab'Atypik SIRET : 812 734 572 00025

bottom of page